Lettre d'opinion de Nathalie Arteel : Pas de récompense avant 25 ans de service? Un non-sens hérité du passé!

Herent – Le besoin de reconnaissance du personnel n'a jamais été aussi important qu'aujourd'hui. Pourtant, les pouvoirs publics semblent l'ignorer. Certes, il existe des moyens pour récompenser les employés, mais ils sont d'un autre âge et il n'y en a pas assez! Et avec la nouvelle prime corona de 500€ maximum qui peut être émise à partir de demain (1er août), le gouvernement rate également la cible.

De nombreux employés n'ont jamais été aussi éloignés du bureau et de la culture de leur entreprise que durant les périodes de télétravail qu'ils viennent de traverser. C'est ce qui a amené de nombreuses sociétés, comme Deloitte, AG Insurance, Telenet ou Soudal, à vouloir témoigner leur reconnaissance à leur personnel et à le récompenser.

La chasse aux talents rend une culture d'entreprise positive encore plus importante

Maintenant que les employés reprennent petit à petit le chemin du bureau, il apparaît que leur engagement envers les valeurs et la vision de leur entreprise n'atteint qu'un faible niveau. Une récente étude de l'Antwerp Management School et de la FEB[1], révèle même qu'un employé sur quatre s'est mis à la recherche d'un autre job. Si les entreprises entendent rester des employeurs attrayants dans la "chasse aux talents", elles ont plus que jamais intérêt à mettre en place une culture d'entreprise positive. C'est que de nombreux employés ont réfléchi aux facettes de leur travail actuel et à leur ressenti au bureau. 

Il existe encore de nombreux malentendus quant à la façon de maintenir l'engagement des employés

Les entreprises ont besoin d'un plus large éventail de solutions pour récompenser individuellement leurs collaborateurs. Il n'existe pas deux employés strictement identiques. Il faut donc aussi développer des gratifications différentes.

Et, non, l'engagement ne s'obtient pas en augmentant le salaire. De même, les très populaires formules qui permettent aux membres du personnel de bénéficier d'avantages en nature comme des congés supplémentaires ou un abonnement à un centre de fitness n'aident pas non plus. L'effet n'est pas durable et beaucoup le considèrent rapidement comme un acquis. Ils se retrouvent ainsi dans une cage dorée. Ils y restent afin d'en conserver les nombreux avantages, mais sans que cela entraîne leur implication ou leur engagement. Ils n'éprouvent pas de ressenti au niveau du cœur alors qu'au final, c'est cela qui compte vraiment.

Il en va de même pour la nouvelle prime corona qui peut être émise à partir de demain. Les entreprises ayant enregistré de bons résultats pendant la crise liée au Covid peut accorder jusqu'à 500€ de prime sous forme de chèque consommation. Mais cette attribution ne peut être que collective et pas individuelle. C'est là que le bât blesse.

La solution? Une approche individuelle et personnalisée

Je préconise une solution simple que les entreprises puissent mettre en pratique pour récompenser, de façon rapide et individuelle, chaque salarié ayant réalisé une performance exceptionnelle. C'est déjà possible dans les pays voisins. Aux Pays-Bas, par exemple, le système flexible et fiscalement avantageux qui permet de récompenser un employé méritant génère un impact positif sur l'ensemble de l'économie du pays.

Bien que de plus en plus d'entreprises mettent en œuvre des moyens de reconnaissance et d'appréciation pour leurs employés - même si cela entraîne pour elles le paiement de charges -, elles sont encore nombreuses à hésiter. En cause, la crainte de devoir affronter des procédures administratives complexes et, au final, un résultat qui soit une sorte de 'cadeau empoisonné'. Le système est miné d'ambiguïtés. 

Si, en Belgique, nous voulons stimuler davantage la culture d'entreprise et le bon état d'esprit au sein des employés, nous devons permettre aux managers d'encourager et de récompenser leurs collaborateurs qui le méritent. Donc, pas seulement une fois par an ou uniquement de façon collective.

Notre législation est dépassée

À cet égard, l'approche belge est désespérément dépassée. D'un côté, la loi ne permet pas de récompenser de façon rapide et fiscalement avantageuse celui ou celle qui le mérite. Et d'un autre côté, nos entreprises sont toujours confrontées à une législation du siècle dernier. Il suffit de penser aux programmes conçus pour célébrer les 25 ou les 35 ans de présence d'un salarié dans une entreprise: une enquête d'Acerta conduite en 2019[3] montre que l'ancienneté moyenne dans notre pays est inférieure à… 11 ans.

Alors, quelle est la solution?

De façon concrète, je pense à trois pistes d'action. Tout d'abord, le montant exonéré d'impôt et de charges sociales autorisé pour récompenser un employé méritant doit être porté de 40 à 250 euros par an et par personne. Comme c'est déjà le cas dans les pays voisins. L'idée, c'est que ce montant ne soit pas remis sous forme sonnante et trébuchante, mais sous forme d'incentive. Je pense à des fleurs, des pralines, un coffret cadeau, une place de concert, un chèque-restaurant, une contribution à une bonne cause, une formation, une expérience particulière,...

Et puis, les managers devraient avoir la possibilité de récompenser leurs employés de façon individuelle, et donc pas obligatoirement de manière collective. Dans l'état actuel des choses, un cadeau exonéré de charges fiscales ne peut être offert qu'à l'occasion d'une fête ou d'un événement annuel comme la Noël, le Nouvel An, la Saint-Nicolas ou un anniversaire.

Et enfin, nous devons redéfinir les grandes étapes d'une carrière, comme les 25 ou 35 ans actuels. Les gens ne devraient pas être récompensés pour le nombre de leurs années de présence dans l'entreprise, mais pour leur 'implication' et leur 'contribution'.

En résumé, il existe un besoin urgent - surtout après une quinzaine de mois de télétravail plus ou moins complet - de fixer un montant exonéré d'impôt permettant de récompenser rapidement et facilement les employés pour leur 'bon' travail tout au long de l'année. Ce sont précisément ces résultats qu'il convient de valoriser en priorité. Quand on sait que ‘l'appréciation' est l'un des besoins les plus fondamentaux de chaque être humain, il est plus que temps d'entamer une discussion sur le sujet et d'agir. C'est à cette condition que les entreprises pourront attirer les talents souhaités ou motiver leurs collaborateurs pour aller de l'avant.

Nathalie Arteel,
Experte en appréciation et administratrice déléguée du Groupe Arteel

 

[1] https://www.feb.be/domaines-daction/rh--personnel/rh--personnel/un-an-plus-tard---enquete-sur-limpact-de-la-crise-sanitaire-sur-le-capital-humain-des-organisations_2021-06-22/

 

[3] https://www.acerta.be/fr/a-propos-dacerta/dans-la-presse/les-travailleurs-restent-fideles-a-leur-employeur-10-mois-de-plus-quil-y-a-10-ans

 

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